La grande bafouille "Écrire pour ne pas oublier" 27 janvier 2027.

"Je n'aime pas l'expression "devoir de mémoire". Le seul "devoir", c'est d'enseigner et de transmettre. " Simone Veil.

Pattes de mouche.
3 min ⋅ 27/01/2025

Lettre à Nina

En ce jour de 1939, la petite fille, comme tous les jours, sort de sa jolie maison bleue aux fenêtres ornées de fleurs. D’un signe de tête, elle salue les siens ; son père, qu’elle admire tant et sa mère, douce et forte, déjà attelée aux tâches de la ferme. Impatiente et le cœur léger, elle part pour l’école. Aujourd’hui encore, elle va retrouver Monsieur Chvatov, son maître, qui lui apporte tant. Il lui a donné le goût d’apprendre. Apprendre pour savoir, pour comprendre… Apprendre pour accepter, pour refuser… Apprendre pour se battre. En chemin, elle repense à cette jolie métaphore que son cher maître aime à utiliser : « Le manteau ne réchauffe pas : il protège la chaleur de votre corps. » Tout était donc en elle. La force et l’amour ; l’espoir et la révolte… Elle aime cette idée.

Mais quand elle arrive à l’école, c’est le chaos… Monsieur Chvatov n’est plus là. Il ne viendra plus. Des uniformes l’ont emmené loin, là-bas, dans la neige, la tourmente, et le froid. Lui et les siens. Ils ne reviendront pas. Alors, tout se déchaîne… C’est le début de la folie, de la souffrance et de la peur. La nuit tombe sur l’enfance de la petite fille. Demain sera fait de larmes, d’adieux, de sang. Adieu l’isba jolie, adieu le Bug, adieu Papa, adieu  Maman…

Monter dans ce train ; affronter la haine et le mépris. Ce voyage au rythme assourdissant, dans les plaintes et les hurlements. La petite fille se retrouve seule, dans cette fin du monde peuplée de silhouettes fantomatiques, comme elle, arrachées à la vie. Compagnons de misère, frères de l’horreur, sœurs de douleur… Résister, survivre, garder intacte cette étincelle d’espoir. Elle repense à Alexandre Chvatov, à ce qu’il lui a transmis. Elle retrouve le feu qui brûle en elle, elle l’entretient. Qu’il ne s’éteigne pas, jamais…

Aujourd’hui, la petite fille a 99 ans. Dans ses yeux, l’étincelle. Elle n’a jamais perdu son regard d’enfant.  Elle a surmonté la haine et la douleur, le chagrin et la peur. Nina, mon amie, ne tremble plus. Nous serons vigilants ; et le Bug continuera de couler. Alexandre Chvatov a bien fait son travail. Tu es son porte-parole. Nous le serons aussi.

Merci. (D’encre et de pierre, La Rémanence)

J’ai eu la chance infinie d’être la plume d’une grande dame : Nina Fedoniuk Michel. Elle est devenue mon amie. Aujourd’hui, Nina a 99 ans. Une “sacrée bonne femme”. Forcément, cette newsletter lui est dédiée. Son histoire a été publiée à la Rémanence. Mémoire de Babouchka. Oui, Nina est une femme extraordinaire. Et n’oubliez pas :

« Le manteau ne réchauffe pas : il protège la chaleur de votre corps. » Tout est en nous.

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Pattes de mouche.

Par Christelle Angano

Pas facile de se présenter...

Je laisse donc la plume à l'auteur Henri Girard qui avait écrit cette petite présentation il y a quelques années et que j’ai actualisée. Merci Henri...

Il était une fois une petite fille qui fit trempette dans un encrier magique. Elle en ressortit, plume en verve et verbe affuté, imprégnée pour la vie. La lecture et l’écriture devinrent ses amies, les mots ses jouets.
Diable ! Elle fut bel et bien ensorcelée. En plus de cette féérique hérédité, Christelle Angano présente une singulière addiction. C’est une femme pressée qui donc court toujours et sans fatiguer, qui fonce d’un rêve à l’autre, d’un projet à l’autre, tête au ciel et coudes au corps.
La voici tenant un blog, écrivant une chronique, se gobergeant d’un plateau de fruits de mer, buvant un coup de cidre ; la voilà achevant un recueil de poèmes, un roman, en imaginant un autre…
C’est également elle qui prête sa plume pour conter la vie des autres, car l’insaisissable Christelle aime prodiguer aide et attention, pour le plaisir du témoignage et du partage.

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